dimanche 5 décembre 2004

Nouvelle

Il était assis, par cette froide nuit d’hiver, lame en main. Devant lui se tenait une rivière dont le flot trop important empêchait son centre de geler complètement. Une fine brume s’élevait de cette masse agitée et jouait tendrement sous les rayons de la lune. Un bouclier léger mais solide lui tenait lieu de siège et seul le reflet de son visage dans le métal de son arme lui donnait un peu de compagnie.

Il n’osait pas regarder derrière lui, ayant peur que la lueur lointaine du feu de son village vienne le tenter à rentrer se chauffer. Le vent, aussi léger fut-il, causait du mouvement dans ses longs cheveux bruns, le ramenant parfois de ses parfaites rêveries. Traversant ses haillons, cette douce brise venait même le saisir à l’échine pour lui rappeler qu’il avait choisi. Il était là grâce à son seul être, regardant fixement tantôt le mouvement du liquide, tantôt la fermeté de son épée.

L’absence de nourriture dans son pauvre estomac le faisait se sentir un peu plus faible qu’à l’habitude, mais cette minuscule douleur lui rappelait simplement que son existence se poursuivait toujours. Il y avait des heures qu’il n’avait pas senti ses pieds et il se demandait encore comment il réussissait à plier les doigts sur le manche de son arme, mais cela lui importait bien peu en vérité. Des soucis d’une force remarquable, les questions de toute une vie glissaient lentement dans son esprit. Les réponses lui viendraient peut-être plus tard; il ne le savait pas.

La fausse indifférence qu’il a revêtue toute sa vie l’avait finalement rattrapé, il ne pouvait plus être atteint que par la toute puissance de cette souffrance encaissée au nom de ses illusions. Jamais il n’a voulu se battre pour une cause qui n’était pas noble et il s’en remerciait encore; cette valeur l’avait sauvé de nombreux regrets. Des remords, il en avait. Des montagnes de mercis qu’il n’a dit, des lacs paroles gelées dans ses cordes vocales… des torrents d’amour qu’il aurait voulu libérer.


Dans cette morne solitude, il essayait de résoudre les problèmes trop longtemps procrastinés, il essayait de fixer son attention sur quelques-unes de ses pensées, mais ne réussissait qu’à revenir chaque fois à la même… Une fois de plus, il était complètement seul. Seul dans cette lutte contre le froid; seul dans sa lutte contre la vie. Et tout doucement, ses doigts, ayant posés l’épée, s’étaient mis à glisser sur le rebord de ses loques. Ils se déplaçaient avec toute la grâce d’une caresse sur les chiffons qu’il revêtait. Derrière son regard embué par les émotions, il la voyait. Si belle …

Mettre toute cette beauté, cette délicatesse, cette pureté en mots serait pécher.

Elle était à quelques pas à peine, il pouvait déjà sentir la chaleur qui émanait d’elle. Porté par la brise, un soupçon de cette merveilleuse fragrance venait troubler ses sens. Il aurait tout donné pour l’embrasser une fois seulement, pour la tenir dans ses bras quelques instants. Il voulait simplement pouvoir s’abandonner à cette rêverie fantaisiste … c’est ce qu’il fit.

Il ouvrit les yeux au matin et ressentit le chaleureux poids d’un soleil d’été chauffer chaque parties de son corps. Il était étendu sur une herbe bien verte, une couverture assurant le reste de son confort. C’est en se retournant qu’il la vit : exactement pareille à la dame de ses longues nuits en solitaire, couchée juste à ses cotés, le visage souriant dans un sommeil tranquille. Trop de bonheur submergeait alors le cœur de ce jeune homme; il ne put contenir sa joie et lentement posa son visage dans le creux de l’épaule de la belle, réveillant ainsi sa dulcinée. Elle lui offrit un sourire et le sera contre elle ; il ne lui en fallait pas plus…

Sa conscience l’abandonna alors qu’il était porté par les eaux glaciales de la rivière. On ne retrouvera de lui que sa lame et son bouclier, restés dans la neige alors qu’il sombrait dans un sommeil hypothermique… Son tour de garde tirait à sa fin pourtant… Personne ne comprendra jamais ce qui l’aura attiré vers sa propre fin… Personne ne comprendra jamais qu’il aura fait les quelques pas qui le séparaient de sa belle …






et ben cest ca ... cest un essais de faire qqch dautre qu'un poeme !!
vous me donnerez vos impressions !

4 commentaires:

Maxime a dit...

Malgré ce que tu en dis, il s'agit d'un poème. Une autre forme qui, je constate, te réussi très bien. Lâche pas François, j'aime bien ton style et tu as tout le talent qu'il faut pour écrire de petits bijoux.

rachou a dit...

C'est magnifique comme tout le reste des textes d'ailleurs, continus comme ca, c superbe!!!

Léonie a dit...

Moi je vais me contenter de féliciter l'entêtement...
Garder le "tendrement" c'est bien, faut croire en soi même sous les remises en question des vieilles mégères du style dans mon genre...

Valerie a dit...

Et moi je ne vais que féliciter le talent.

L'écriture c'est strictement personnel, mise à part poser des questions sur le sens des mots écrits, il est interdit selon moi d'en juger quoi que ce soit !

Mais si je lis encore tes textes François, c'est qu'ils sont pour moi très intéressants !

J'aime ton style... un style tellement personnel même au travers de personnages qu'on pourrait croire inventés de toute pièce.. !