Histoire d’improviser
Je ne sais pas quoi écrire, mais je me dis: un début, c’est toujours ça de gagné...
Alors, il était une fois, dans un pays fort lointain, un jeune garçon, qui alors n'était pas en age d'être un homme, se lève de sa couche de paille en se disant : "Pourquoi ai-je donc dormi aussi tard une fois de plus ? "
Sans avoir trouvé réponse intelligente à sa question, il se dirige lentement vers ce qui lui tenait lieu de garde-manger, une minuscule armoire dans un coin, de laquelle il sortit un pain ma foi absolument alléchant. Pas une baguette, plus ... comme une motte de pain ... Forme trop simple pour que le goût en soit complexe; juste un goût de pureté et de four a bois.
Ainsi donc, il pose ce pain sur la table de bois siégeant dans l'unique pièce de sa maison de chaume, relève le tabouret qui était sur le coté un peu plus loin et, s'asseyant sur ce dernier, il mange le pain une bouchée à la fois. Le temps ne semble lui importer que très très peu… Il ne mord pas la miche; il prend des morceaux et les porte à sa bouche, ce qui est plutôt inhabituel pour l'époque.
Il semble étourdi ... comme somnambule, dans une rêverie profonde, possédé par des songes éveillés...
Lentement, le pain perd sa forme et son ampleur et fini par devenir miettes, lesquelles resteront sur la table de bois non affiné. Et notre enfant de se lever et de gagner l'extérieur, empreint d'un calme, d’une sérénité tout à fait poignante tellement il contraste avec les gens de métiers qui s'affairent tout autours. Il atteint le puit de pierre et en hisse le sceau de bois, prend entre ses doigts agréablement formés une nappe d'eau et la projette sur son visage, le frictionnant ensuite tout aussi paisiblement qu’il se promenait auparavant.
Il répète cette suite de gestes trois ou quatre fois; enlevant de son visage d'enfant la crasse d’un monde dont il ne fait pas parti. Il ramène ensuite son corps en position debout, mais pas totalement droit, juste assez redressé pour que ses yeux bleus ardents puissent scruter les alentours subconsciemment, parallèlement à sa rêverie. De ce même mouvement, il rejette derrière lui ses cheveux d’un brun tout ce qu’il y a de plus normal ... légèrement pâlis par un soleil omniprésent, mais rien d'exceptionnel.
Le voilà ainsi reparti au plus profond de lui-même. Il songe en fait; il est à la limite entre la réflexion et l'imagination. Son esprit malgré lui divague encore et toujours, il n'est que très peu lié à son corps physique. Et il avance encore, entre les chaumières de son village; agit inconsciemment ... suis une sorte de routine habituelle … non pas généralisée ... seulement applicable à lui-même. Autours de lui, les autres ont bien une routine, mais ils l'ont créée... ils en ont décidé l'ordre... le forgeron forge et le chasseur prépare son matériel, les mères nourrissent les plus jeunes…
Mais lui ...
Il n’est encore rien ... il est dans cette erreur.... il n'est encore ni homme de métier, ni sage, et n’est plus enfant ni écuyer...
Encore il avance vers le chemin de la forêt. Il ne sait trop pourquoi il a choisi d'aller à la forêt ce matin, mais il y va. Il ne connaît pas trop le chemin de cette forêt ... en fait, si, il le connaît très bien, mais pas ce matin... Car aujourd’hui, tout est différent. Les arbres sont les mêmes et les sentiers ne bougent pas, mais ce matin ... il n’aurait pas pu dire où il se rendait, et c’est pour cette simple raison qu’il ne sait pas où il est.
Il ne se demande pas tellement pourtant… cela lui importe bien peu en réalité... et toujours il avance ... Ses pas ne sont pas toujours directement devant, mais jamais derrière.
Il se sent lentement émerger de ce sommeil pourtant si confortable. Il a peur maintenant car il se rend compte un peu plus de ce qui lui arrive. Il se sent tellement impuissant... Tout son univers est dépourvu des forces de la logique et ses actions ne sont que très peu conséquentes, aussi il avance encore vers un objectif inconnu...
Malgré le début d'une conscience, il demeure dans son incompréhension et avance vers quelque chose qu’il ne connaît pas, quelque chose qui l'effraie quelque peu. Il n’est pas terrorisé, juste légèrement effrayé; simple résultat de son incompréhension.
Progressivement, il monte sur la montagne qui accompagne son village depuis des siècles, amenant à son peuple paix et sécurité contre les éléments. Il s'aide maintenant des arbres pour avancer. Aussi faible soit l'influence de ses actes, il les place dans le même sens que son déplacement, essaie d'améliorer son trajet, de ne plus le subir. Il n'accepte pas d’être amené malgré lui, alors il s'amène aussi.
Il n’est encore qu'au deux tiers de l'ascension, et maintenant, il a pleine conscience de ses mouvements. Il avance totalement seul, son éveil est quasi complet. Seule en lui persiste cette étincelle… Il ne se la peut expliquer, mais il la poursuit. Il continue son chemin par le choix qu’il en fait ... il pourrait revenir, mais il décide daller voir cette étoile qui brille en lui ... de savoir pourquoi il est lui, aujourd’hui.
Il rejoint le sommet alors que le soleil décline maintenant, lui rappelant que le dîner est passé depuis quelques temps déjà. Il se rassasie avec quelques plantes et prend pour siège un rocher tout là-haut posé depuis des années. Il a le sentiment de s'y être déjà assis maintes fois et, en fait, il s'y est bel et bien assis maintes fois déjà... seulement, aujourd’hui, tout est différent.
Derrière lui, alors qu'il se pose mille et une questions, le soleil baisse avec une grâce majestueuse et lentement une pointe d'orangé inonde la vallée et noie le village du garçon. Sur le bas de la montagne voisine, une silhouette se découpe dans ce flux de lumière et tout devient clair pour le jeune homme. C’est cette silhouette qui lui donnera réponse, cette image, c’est le supérieur absolu qui est venu le conseiller sur le principe de son existence.
Il le questionne donc longuement ... plusieurs minutes durant ... une heure peut-être ... avec ses mots, il questionne toujours. De réponses, il n'entend que bribes, mais sait exactement ce qu'elles veulent dire. Non, il ne le sait pas, il le comprend, au-delà de la vallée, il comprend ce que l'Autre lui dit, lui conseille.
Avec chaque instant, l'Autre gravit la montagne pour arriver tout près de son sommet. Le jeune homme craint de le perdre, que celui-ci retourne aux cieux et que ses questions ne soient répondues...
L'orangé se transforme agréablement en rouge comme le soleil poursuit sa course vers le sommeil.
Vient le moment où le questionneur se lève du rocher pour mieux questionner ... et en même temps que lui, l'autre bondit vers le ciel et l'homme est alors convaincu d’avoir perdu tout espoir…
Ainsi donc il se rassied sur le rocher pour mieux pleurer son incompréhension et lève lentement le visage pour laisser le bleu de ses yeux profiter des dernières lueurs du soleil; voir son village tout en bas, si calme et serein, ses amis se déplacer, si petits, mais si importants. Il voit aussi le puit où il est allé ce matin se laver le visage et lève encore les yeux vers l'ensemble de la vallée, se surprenant de la trouver si belle. Si complète par elle-même, si plaisante à vivre. Un peu plus haut encore et il voit maintenant la montagne en face de lui, surmontée par un rocher semblable au sien ... mais il sait pourtant qu'il n’y a pas semblable rocher de l’autre coté...
Il se met donc sur ses pieds et se retourne, accablé d'une angoisse non pas désagréable, mais simplement présente. Il voit au-delà de son rocher cette immense étendue de lumière et de chaleur, ce soleil maintenant vermeil qui lui lance la toute puissance de ses rayons.
Il ne peut qu'incliner la tête devant pareil spectacle et remarque son rocher ... qui sur son torse se découpe de la lumière comme l’Autre sur la montagne…
Et enfin... Il comprend…
Épilogue
Le jeune homme a comprit que l’Autre n’était que son ombre. Il réalise par ce fait qu’il est désormais seul pour affronter un monde qui ne lui est encore qu’inconnu.
Alors, il était une fois, dans un pays fort lointain, un jeune garçon, qui alors n'était pas en age d'être un homme, se lève de sa couche de paille en se disant : "Pourquoi ai-je donc dormi aussi tard une fois de plus ? "
Sans avoir trouvé réponse intelligente à sa question, il se dirige lentement vers ce qui lui tenait lieu de garde-manger, une minuscule armoire dans un coin, de laquelle il sortit un pain ma foi absolument alléchant. Pas une baguette, plus ... comme une motte de pain ... Forme trop simple pour que le goût en soit complexe; juste un goût de pureté et de four a bois.
Ainsi donc, il pose ce pain sur la table de bois siégeant dans l'unique pièce de sa maison de chaume, relève le tabouret qui était sur le coté un peu plus loin et, s'asseyant sur ce dernier, il mange le pain une bouchée à la fois. Le temps ne semble lui importer que très très peu… Il ne mord pas la miche; il prend des morceaux et les porte à sa bouche, ce qui est plutôt inhabituel pour l'époque.
Il semble étourdi ... comme somnambule, dans une rêverie profonde, possédé par des songes éveillés...
Lentement, le pain perd sa forme et son ampleur et fini par devenir miettes, lesquelles resteront sur la table de bois non affiné. Et notre enfant de se lever et de gagner l'extérieur, empreint d'un calme, d’une sérénité tout à fait poignante tellement il contraste avec les gens de métiers qui s'affairent tout autours. Il atteint le puit de pierre et en hisse le sceau de bois, prend entre ses doigts agréablement formés une nappe d'eau et la projette sur son visage, le frictionnant ensuite tout aussi paisiblement qu’il se promenait auparavant.
Il répète cette suite de gestes trois ou quatre fois; enlevant de son visage d'enfant la crasse d’un monde dont il ne fait pas parti. Il ramène ensuite son corps en position debout, mais pas totalement droit, juste assez redressé pour que ses yeux bleus ardents puissent scruter les alentours subconsciemment, parallèlement à sa rêverie. De ce même mouvement, il rejette derrière lui ses cheveux d’un brun tout ce qu’il y a de plus normal ... légèrement pâlis par un soleil omniprésent, mais rien d'exceptionnel.
Le voilà ainsi reparti au plus profond de lui-même. Il songe en fait; il est à la limite entre la réflexion et l'imagination. Son esprit malgré lui divague encore et toujours, il n'est que très peu lié à son corps physique. Et il avance encore, entre les chaumières de son village; agit inconsciemment ... suis une sorte de routine habituelle … non pas généralisée ... seulement applicable à lui-même. Autours de lui, les autres ont bien une routine, mais ils l'ont créée... ils en ont décidé l'ordre... le forgeron forge et le chasseur prépare son matériel, les mères nourrissent les plus jeunes…
Mais lui ...
Il n’est encore rien ... il est dans cette erreur.... il n'est encore ni homme de métier, ni sage, et n’est plus enfant ni écuyer...
Encore il avance vers le chemin de la forêt. Il ne sait trop pourquoi il a choisi d'aller à la forêt ce matin, mais il y va. Il ne connaît pas trop le chemin de cette forêt ... en fait, si, il le connaît très bien, mais pas ce matin... Car aujourd’hui, tout est différent. Les arbres sont les mêmes et les sentiers ne bougent pas, mais ce matin ... il n’aurait pas pu dire où il se rendait, et c’est pour cette simple raison qu’il ne sait pas où il est.
Il ne se demande pas tellement pourtant… cela lui importe bien peu en réalité... et toujours il avance ... Ses pas ne sont pas toujours directement devant, mais jamais derrière.
Il se sent lentement émerger de ce sommeil pourtant si confortable. Il a peur maintenant car il se rend compte un peu plus de ce qui lui arrive. Il se sent tellement impuissant... Tout son univers est dépourvu des forces de la logique et ses actions ne sont que très peu conséquentes, aussi il avance encore vers un objectif inconnu...
Malgré le début d'une conscience, il demeure dans son incompréhension et avance vers quelque chose qu’il ne connaît pas, quelque chose qui l'effraie quelque peu. Il n’est pas terrorisé, juste légèrement effrayé; simple résultat de son incompréhension.
Progressivement, il monte sur la montagne qui accompagne son village depuis des siècles, amenant à son peuple paix et sécurité contre les éléments. Il s'aide maintenant des arbres pour avancer. Aussi faible soit l'influence de ses actes, il les place dans le même sens que son déplacement, essaie d'améliorer son trajet, de ne plus le subir. Il n'accepte pas d’être amené malgré lui, alors il s'amène aussi.
Il n’est encore qu'au deux tiers de l'ascension, et maintenant, il a pleine conscience de ses mouvements. Il avance totalement seul, son éveil est quasi complet. Seule en lui persiste cette étincelle… Il ne se la peut expliquer, mais il la poursuit. Il continue son chemin par le choix qu’il en fait ... il pourrait revenir, mais il décide daller voir cette étoile qui brille en lui ... de savoir pourquoi il est lui, aujourd’hui.
Il rejoint le sommet alors que le soleil décline maintenant, lui rappelant que le dîner est passé depuis quelques temps déjà. Il se rassasie avec quelques plantes et prend pour siège un rocher tout là-haut posé depuis des années. Il a le sentiment de s'y être déjà assis maintes fois et, en fait, il s'y est bel et bien assis maintes fois déjà... seulement, aujourd’hui, tout est différent.
Derrière lui, alors qu'il se pose mille et une questions, le soleil baisse avec une grâce majestueuse et lentement une pointe d'orangé inonde la vallée et noie le village du garçon. Sur le bas de la montagne voisine, une silhouette se découpe dans ce flux de lumière et tout devient clair pour le jeune homme. C’est cette silhouette qui lui donnera réponse, cette image, c’est le supérieur absolu qui est venu le conseiller sur le principe de son existence.
Il le questionne donc longuement ... plusieurs minutes durant ... une heure peut-être ... avec ses mots, il questionne toujours. De réponses, il n'entend que bribes, mais sait exactement ce qu'elles veulent dire. Non, il ne le sait pas, il le comprend, au-delà de la vallée, il comprend ce que l'Autre lui dit, lui conseille.
Avec chaque instant, l'Autre gravit la montagne pour arriver tout près de son sommet. Le jeune homme craint de le perdre, que celui-ci retourne aux cieux et que ses questions ne soient répondues...
L'orangé se transforme agréablement en rouge comme le soleil poursuit sa course vers le sommeil.
Vient le moment où le questionneur se lève du rocher pour mieux questionner ... et en même temps que lui, l'autre bondit vers le ciel et l'homme est alors convaincu d’avoir perdu tout espoir…
Ainsi donc il se rassied sur le rocher pour mieux pleurer son incompréhension et lève lentement le visage pour laisser le bleu de ses yeux profiter des dernières lueurs du soleil; voir son village tout en bas, si calme et serein, ses amis se déplacer, si petits, mais si importants. Il voit aussi le puit où il est allé ce matin se laver le visage et lève encore les yeux vers l'ensemble de la vallée, se surprenant de la trouver si belle. Si complète par elle-même, si plaisante à vivre. Un peu plus haut encore et il voit maintenant la montagne en face de lui, surmontée par un rocher semblable au sien ... mais il sait pourtant qu'il n’y a pas semblable rocher de l’autre coté...
Il se met donc sur ses pieds et se retourne, accablé d'une angoisse non pas désagréable, mais simplement présente. Il voit au-delà de son rocher cette immense étendue de lumière et de chaleur, ce soleil maintenant vermeil qui lui lance la toute puissance de ses rayons.
Il ne peut qu'incliner la tête devant pareil spectacle et remarque son rocher ... qui sur son torse se découpe de la lumière comme l’Autre sur la montagne…
Et enfin... Il comprend…
Épilogue
Le jeune homme a comprit que l’Autre n’était que son ombre. Il réalise par ce fait qu’il est désormais seul pour affronter un monde qui ne lui est encore qu’inconnu.
1 commentaire:
magnifique, comme d'hab!!!
Publier un commentaire