mardi 4 novembre 2008

Ramer

Sur une mer d’encre, je fais du surplace. Je plonge ma rame dans la noirceur sans ressentir le moindre mouvement. J’espère une brise délicate, attentionnée, parfumée. Une toute petite brise pour me ramener à terre doucement en m’ébouriffant les cheveux, en me berçant tendrement. Je veux sentir sa caresse sur mon visage alors que j’abandonne mes rames. Je veux m’allonger sur le pont et la regarder modeler mon avenir dans les nuages. Me laisser porter, lâche, sans volonté.

Je la veux, je l’attends, je l’espère.

Je veux une tempête, intense, violente, déchainée. Je veux sentir la coque craquer, entendre les voiles claquer. Je veux que le vent sature mes oreilles de parasites, que les éclairs m’éblouissent, que les vagues m’engloutissent. Je veux lutter avec les cordages, tomber sur le pont, avaler un bloc de sel. Je veux perdre le nord et me battre pour le retrouver. Je veux utiliser la mer enragée pour me propulser vers un point précis, je ne sais où.

Je veux, j’attends, j’espère.

Une fissure. L’eau chatouille mes orteils, monte à gros bouillon autour de mes chevilles. Rafraichissante, apaisante, salvatrice. Abandonner, m’avouer vaincu. Prendre une ancre et de la chaine, des boulets. Atteindre le fond pour enfin remonter. Sentir la vase sous mes pieds, la seule terre que j’atteindrai. Choisir de rester. Manquer de courage.

Continuer à ramer.

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